Futurs énergétiques 2050 : Position des Voix du Nucléaire

L’association Voix du Nucléaire salue l’étude de RTE sur les scénarios énergétiques 2050, réalisée dans le but d’éclairer le débat et les décisions politiques nécessaires à la France pour établir une programmation énergétique en cohérence avec l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.

Le résultat de la comparaison entre les six scénarios de référence présentés est clair. Sur un ensemble d’indicateurs environnementaux et économiques fondamentaux – empreinte carbone, consommation de ressources, artificialisation des sols, coût complet –, le mix comportant la part la plus importante de nucléaire à terme (N03) est le mieux-disant, comme les études scientifiques et l’expérience le démontrent depuis des années, et comme les Voix s’en font l’écho depuis leur création. Les conclusions confirment également l’urgente nécessité de confirmer le lancement de la première série de réacteurs EPR2 pour minimiser les risques de non atteinte des objectifs énergétiques et climatiques.

Les Voix du Nucléaire souhaitent donc souligner que ces résultats confirment qu’un scénario à plus de 50% de nucléaire dans le mix électrique français en 2050 (en production, pour seulement 27% en capacités installées) doit faire partie des scénarios examinés et pris en considération.

Trois arguments supplémentaires vont dans ce sens :

Tout d’abord, la limitation à 50% semble dictée par la capacité industrielle de la filière nucléaire française, prenant en compte la situation d’aujourd’hui et la faible visibilité donnée par le politique aux acteurs de cette filière (pas d’engagement ferme au-delà des 6 premiers EPR2, seul le co-financement des études détaillées d’un modèle de petit réacteur modulaire est acquis à ce stade, etc.). Cette réserve imposée aux scénarios comprenant une part de nouveau nucléaire n’est pourtant pas retenue dans le cas de la nécessaire croissance sans aucun précédent des nouvelles filières éolienne, solaire, hydrogène et nouvelle biomasse qui sont quant à elles à construire entièrement, avec une partie des solutions restant à développer et les risques technologiques associés, pour les scénarios présentés à 100% d’énergies dites renouvelables.

La filière nucléaire française a su par ailleurs, sur la base d’un plan clair, ambitieux et soutenu par l’Etat, mettre en service jusqu’à 6 réacteurs dans une même année, et construire 58 réacteurs en 15 ans, correspondant à 63 GWe installés. Cette performance réalisée il y a 30 ans constitue un précédent qui justifie en soi de se permettre de dépasser le seuil théorique de 14 EPR2 et quelques SMR dans les études prospectives, afin de disposer d’une vision complète et équilibrée du champ des possibles à long terme. La visibilité sur ce panel élargi des futurs énergétiques nous apparaît également nécessaire pour appréhender les tendances au-delà de 2050, échéance à laquelle le parc de nouveau nucléaire sera encore très jeune et potentiellement en forte croissance.

Enfin, cette étude ne présente pas de scénario de continuité, qui reflèterait la poursuite des choix de mix électrique actuels, c’est-à-dire 75% d’électricité d’origine nucléaire complétée d’hydraulique, éolien, solaire et géothermie, dont on chercherait à éliminer le reliquat d’énergies fossiles, base admise de toute étude académique à visée comparative. Les résultats du scénario N03 développés par RTE, qui plus est confirmés par le bilan du parc nucléaire actuel après 40 ans d’opérations, présentent des avantages comparatifs suffisants du point de vue économique, environnemental et climatique pour que nous nous permettions de demander avec insistance qu’un scénario de mix électrique à plus de 70% de nucléaire en 2050 soit a minima investigué.

L’association souhaite féliciter et remercier RTE pour l’imposant et rigoureux travail réalisé. Nous espérons que les résultats présentés éclaireront les décisions urgentes indispensables à notre avenir énegétique et climatique, et participeront à donner aux différentes filières industrielles la visibilité qui leur est nécessaire pour faire face aux programmes ambitieux qu’elles doivent toutes lancer.

L’étude nous semble cependant devoir être complétée pour inclure des scénarios où la place du nucléaire dans le mix énergétique à terme dépasse les 50%. Souhaitant continuer à contribuer de la manière la plus constructive possible au débat, Les Voix publieront dans ce sens courant janvier un scénario qui permettra, nous l’espérons, d’alimenter les réflexions et d’apporter un éclairage complémentaire ayant vocation à enrichir les conclusions auxquelles arrive le rapport de RTE.