La voiture nucléaire

Si elles sont encore de l’ordre de la science-fiction, les progrès technologiques autour du thorium ont remis la voiture nucléaire sur le radar des constructeurs automobiles.

La voiture nucléaire a même été sérieusement envisagée dès les années 50, lorsque plusieurs constructeurs étudiaient des voitures à moteur nucléaire. Le modèle qui a été le plus proche de voir le jour est américain, avec la Nucleon de Ford. Dans le même temps, les français planchent eux aussi sur une voiture nucléaire : la Symétric de la marque Arbel. Ces deux modèles auraient utilisé une machine à vapeur alimentée par la fission de l’uranium dans un réacteur muratisé, à la façon des sous-marins nucléaires.

Ces deux projets ont toutefois été abandonnés. La miniaturisation des réacteurs nécessaire à l’embarquement à bord d’une voiture tardant à se concrétiser. De plus, de tels réacteurs nécessitaient un épais blindage inviolable afin d’éviter d’exposer le conducteur et les passagers à un rayonnement radioactif potentiellement nocif. Aussi, le châssis de ce véhicule aurait dû être très lourd. Le Modèle de Ford est finalement resté une maquette exposée au Henry Ford Museum de Dearborn dans le Michigan, alors que le projet français, bancal dès sa conception, est pour sa part enterré malgré l’annonce tonitruante du rachat d’une compagnie de taxi pour servir de piédestal à la marque et de la construction d’une usine niçoise.

Toutefois, une révolution théorique a rouvert le champ des possibles pour la voiture nucléaire. Des scientifiques du Connecticut ont travaillé sur un nouveau modèle de turbine qui générerait de l’électricité grâce à du thorium, sous forme de laser.

En plus d’améliorer l’efficacité énergétique déjà impressionnante des réacteurs nucléaires embarqués et d’en réduire considérablement la taille, elle permettrait de réduire considérablement la production de radioactivité. Aussi, une simple feuille d’aluminium suffirait à isoler et bloquer les faibles radiations émises par le thorium – soit moins que lors d’une radio dentaire.

Cette solution permettrait de pallier la mobilité limitée des voitures électriques (notamment à cause du poids de leur batterie). A cela il faut ajouter la quantité infime de carburant nécessaire pour parcourir de grandes distances qui libèrerait de la place et allègerait le véhicule – 8 grammes de thorium suffiraient pour parcourir pas moins de 482.800 kilomètres d’après les chercheurs de l’entreprise Laser Power Systems[1].

Le thorium contiendrait en effet 20 millions de fois plus d’énergie que le charbon. Pour présenter les choses autrement, 1 gramme de thorium contiendrait l’équivalent de 28 000 litres d’essence. Autrement dit, une telle voiture pourrait fonctionner pendant de nombreuses années avec un seul plein.

De plus, il génère des déchets 1000 fois moins longtemps radioactifs que les combustibles nucléaires classiques[2]. Enfin, le minerai existe en quantité importante sur terre : les Etats-Unis seuls en abritent 440 000 tonnes et 333 000 tonnes se trouvaient en Australie. Les réserves connues pourraient subvenir à 10 000 ans de besoins énergétiques.

Il ne faut certes pas confondre recherche et science. La voiture nucléaire n’est pas pour tout de suite – peut-être qu’elle ne verra même jamais le jour. Pour autant, cette avancée est prise suffisamment au sérieux pour qu’une série de nouveaux prototypes aient étés mis à l’essai par plusieurs grandes marques automobiles.

Le constructeur allemand Audi a ainsi révélé travailler sur la Mesarthim F-Tron (un nom qui vient d’une étoile de la constellation du Bélier). Le prototype est développé par le designer russe Grigory Gorin.

De même, en 2019 Citroën a dit vouloir développer sur propre modèle de voiture au thorium : la Citroën Neutron, du designer allemand Grigory Butin.

Enfin Cadillac, sous l’égide du designer-technicien Loren Kulesus, a dit travailler sur la Cadillac WTF («World Thorium Fuel»). SI le nom peut faire sourire, le modèle est annoncé comme pouvant rouler pendant un siècle sans remplacement de son carburant[3].