Nucléaire : les deux finalistes de la présidentielle ne se valent pas

Avoir une position affichée très pro-nucléaire ne suffit pas à garantir de bonnes conditions pour son développement, ni une lutte efficace contre le réchauffement climatique. Or les positions de Marine Le Pen viennent à l’encontre de ces objectifs.

Être pro-nucléaire ne signifie pas être anti-renouvelable. si l’on souhaite atteindre nos objectifs de décarbonation un mix des deux, amené à évoluer au cours du temps, sera même incontournable.

Annoncer le démantèlement d’éoliennes, ou même le non-remplacement des parcs éoliens existants à court terme va à l’encontre de ces objectifs. C’est aussi absurde, à cet égard, que d’arrêter prématurément des réacteurs nucléaires opérationnels, comme cela a été le cas pour ceux de la centrale de Fessenheim, ou de remettre sans cesse à plus tard la construction de nouveaux réacteurs permettant de renouveler les capacités historiques et retrouver des marges pilotables et bas-carbone.

Sur la question de Fessenheim les arguments mis en avant par Emmanuel Macron sont erronés. D’importants travaux avaient été engagés sur Fessenheim, le caractère devenu incontournable de sa fermeture est une prophétie auto-réalisatrice, la centrale était sûre, et son arrêt est bien exclusivement une décision politique.

Si la prise de conscience de l’importance vitale de ne plus attendre pour engager le renouvellement du parc nucléaire français et de la place fondamentale du nucléaire dans le mix énergétique à long terme est récente chez Emmanuel Macron, elle n’est pas beaucoup plus ancienne chez Marine Le Pen. En effet son programme 2012 proposait d’utiliser près d’un tiers des terres agricoles pour produire des biocarburants, et indiquait qu’il était souhaitable à terme de sortir du nucléaire.

Le programme actuel du Rassemblement National, teinté de climatoscepticisme, comporte la pérennisation sans condition des subventions aux énergies fossiles.

Il privilégie ainsi de fait, dans l’intervalle devant amener au renouvellement du parc nucléaire français, la consommation de plus de gaz fossile au développement des énergies renouvelables, ce qui aura un effet néfaste aussi bien sur le climat que sur la souveraineté énergétique du pays.

Marine Le Pen souhaite une transition énergétique « moins rapide », or c’est en particulier pour accélérer et réussir cette transition dans tous les secteurs énergétiques, atteindre et maintenir la neutralité carbone à partir de 2050, que nous avons justement besoin du nucléaire.

Sur le plan international les positions de Marine Le Pen, son mépris des institutions européennes, internationales et du multilatéralisme impliquent une fragilisation de la politique européenne et de la diplomatie française.

Cette situation priverait la France de son influence, et nous en serions à terme réduits à subir les grandes orientations énergétiques, les modèles que d’autres choisiraient pour nous et qui directement et indirectement s’imposeraient à nous.

Cet isolement et cette radicalisation des positions nuiraient à la France et pénaliseraient ses projets, y compris en matière de nucléaire et de lutte contre le changement climatique, le multilatéralisme étant indispensable à la mise en œuvre de solutions à l’échelle mondiale.

Les Voix du Nucléaire est une association apartisane, et le restera. Nous nous réunissons cependant autour d’un corpus de valeurs, dont vous pouvez prendre connaissance ici.

Les Voix ne veulent pas « autant de nucléaire que possible », mais bien plus de nucléaire pour se donner une chance de s’affranchir des combustibles fossiles. De réussir une transition qui se doit d’être décarbonée, démocratique, et solidaire. Et le programme de madame Le Pen ne nous y conduit pas.