Communiqué de presse – taxonomie européenne (2019)

Lutter contre le dérèglement climatique, pas contre le nucléaire

L’énergie nucléaire est devenue en France la cible prioritaire d’une multitude d’associations dont le budget dédié à la question se monte à près de 15 millions d’euros par an1, alors que dans le même temps, les acteurs à même de rééquilibrer le débat sur le nucléaire sont peu nombreux et se partagent une enveloppe de l’ordre de 150 fois moindre.

Nous considérons que combattre le nucléaire consiste en un inversement grave des priorités. Nous affirmons que la priorité n’est pas de lutter contre le nucléaire mais contre le réchauffement climatique. En tant que militants écologistes, nous sommes conscients des enjeux que peuvent présenter le développement encore accru de la filière nucléaire mais nous considérons comme un devoir de ne pas tomber dans le mensonge, l’exagération ou la caricature.

Les techniques actuelles ne permettent pas à l’éolien ou à l’énergie solaire de subvenir à nos besoins énergétiques sans être suppléés par les énergies fossiles. Le nucléaire a beau avoir mauvaise presse, il fait partie des sources d’énergie ayant l’impact environnemental le plus faible, notamment 12g d’équivalent CO2par KWh produit, soit quatre fois moins que l’énergie solaire2, une empreinte sobre en matériaux, en territoire occupé et en volume de déchets par ailleurs maîtrisés. Il présente les caractéristiques mêmes qui fondent une activité écologique.

C’est la raison pour laquelle multiplier par 2 à 6 fois le parc nucléaire mondial pour lutter contre le dérèglement climatique est une option proposée par le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat)3 dans le cadre de son rapport SR15.

En mai dernier, les élections européennes ont montré une fois encore l’importance que de nombreux Français accordent à l’environnement. Il s’agit maintenant de se montrer cohérents et pragmatiques : les institutions européennes ne doivent pas pénaliser le nucléaire par réflexe idéologique.

Créée en mars 2018, notre association les Voix du Nucléaire regroupe des bénévoles, sympathisants et employés de la filière nucléaire française, convaincus de l’importance de mener cette action malgré la difficulté de se positionner a contrario de ce qui est devenu pour nombreux « une évidence ». Notre engagement est indépendant de tout pouvoir économique, institutionnel, syndical ou politique. Nous avons pour ambition de promouvoir les faits pour rééquilibrer le débat et lutter contre toute volonté de le biaiser.

Nous sommes partis d’un constat simple : la bataille pour le climat est une urgence dans laquelle le nucléaire n’est pas un ennemi mais au contraire contribue à la solution. Il présente une alternative immédiate, viable et pérenne aux énergies fossiles ; il est un allié de l’écologie et du développement. Il n’est pas l’épouvantail régulièrement agité.

Si nous soutenons la filière nucléaire, c’est avant tout pour les avantages écologiques, économiques et sociétaux majeurs qu’elle apporte. Nous sommes cofondateurs de la Nuclear Pride Coalition, et les Nuclear Pride Fest de Munich et de Bruxelles ont d’ailleurs prouvé que nos convictions sont de plus en plus partagées en Europe. L’Union doit en tenir compte.


1 Estimation à partir des données publiques des acteurs en question.

2 IPCC, 5th Assessment Report, 3rd Working Group

3 IPCC, 2018: Summary for Policymakers. In: Global Warming of 1.5°C