Suisse : perception erronée du risque nucléaire

Perception erronée du risque nucléaire

L’Office Fédéral de la Protection Publique (OFPP) Suisse a réalisé fin 2020 ce diagramme de risques, positionnant des évènements en fonction de leur probabilité d’occurrence et de leurs dommages attendus (ici en coût financier). Plus un évènement est situé en haut à droite, plus le risque qu’il représente (danger x probabilité) est élevé.

« Le plus grand risque est la pénurie d’électricité »

Chacun remarquera que de manière générale la population a une représentation erronée de la probabilité, du niveau de danger, et donc du risque associés à ces évènements (faites l’expérience de faire placer ces items à l’aveugle par des personnes de votre entourage et comparez avec les résultats de cette étude).

Ce qui est également notable, c’est que dans le cas des usages énergétiques soutenant notre civilisation moderne et du réchauffement climatique, ces items ne sont pas indépendants.

80% de l’énergie utilisée dans le monde provient des énergies fossiles, en France les deux tiers de l’énergie finale. Les grands organismes internationaux – AIE, ONU, OCDE – s’accordent sur le fait que ne pas recourir au nucléaire augmente considérablement le risque de ne pas réussir la sortie des fossiles, même en appuyant à fond sur tous les autres leviers (renouvelables, efficacité, sobriété), et que le déficit de capacités pilotables augmente le risque de défaillance des systèmes électriques.

Sans nucléaire pour se substituer au capacités pilotables charbon, fioul, gaz, et en l’absence de moyens de stockage à l’échelle requise, la probabilité de panne et de pénurie électrique va augmenter (montée dans le graphique), et le risque qu’elles représentent – déjà très important – s’accroître significativement.

Sans nucléaire, et donc en conservant plus de charbon, plus de gaz, plus longtemps, le réchauffement climatique a de grandes chances d’être plus intense et plus rapide, entraînant une hausse de la probabilité des évènements climatiques extrêmes – canicules, sécheresses, incendies, inondations, grêle, tempêtes – (montée dans le graphique), et participant à étendre leur occurrence géographique potentielle (déplacement vers la droite pour le territoire européen).

Cette vision globale des risques est un élément de compréhension essentiel dans le débat démocratique sur les questions énergétiques à l’échelle européenne.