Comment expliquer la baisse de production de la centrale nucléaire de Blayais ?

La récente baisse de production temporaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire du Blayais pour respecter la consigne de température des eaux fait couler de l’encre et suscite beaucoup de réactions et d’instrumentalisations.

Pour remettre les choses en perspective, voici la charge des moyens de production électrique au cours de la journée du 9 mai (données RTE), où la production du réacteur a été réduite pendant quelques heures.

La baisse en question, d’environ 100 MW, est négligeable par rapport à la consommation, à la production nucléaire totale (en jaune 🟡, environ 27 000 MW), et n’est pas discernable des variations volontaires des autres réacteurs au titre du suivi de charge.

Le même jour, la production éolienne s’effondrait de 3 700 MW en quelques heures, et la production solaire variait de 10 000 MW. Cela n’aura pas fait les gros titres.

Quelques rappels :


– Les baisses de production causées par la chaleur ou un déficit de débit ne sont ni surprenantes, ni nouvelles.
– Ces consignes existent pour protéger les écosystèmes. Elles n’ont pas de rapport avec la sûreté des installations. Cela s’apparente à l’adaptation de la conduite d’un véhicule à l’état de sa voie de circulation.
– Les centrales concernées sont surtout celles sur cours d’eau et à refroidissement en circuit ouvert (4 sur 18 en fonctionnement).
– La réglementation sur les seuils de température et leurs dates est propre à chaque centrale thermique (pas seulement nucléaire). Celui du Blayais est à 30°C jusqu’au 15 mai, et passera ensuite à 36,5. Une synthèse est disponible ici : 
– Ce phénomène n’a rien à voir avec l’intermittence, où la quasi-totalité des moyens de production d’un même type sont susceptibles d’être mis à l’arrêt ou à faible production de manière synchrone et en quelques heures, de manière récurrente et/ou aléatoire.

Le réchauffement climatique va accroître le risque d’indisponibilité lors de canicules ou de sécheresses pour les centrales nucléaires actuelles en bord de fleuve, cependant :
– Ces effets futurs sont modélisés sur la base des scénarios de réchauffement du GIEC. RTE a intégré ces éléments dans son rapport « Futurs énergétiques 2050 » :
– A l’horizon 2050 le productible annuel perdu reste très faible en moyenne (1 à 2 TWh). Même dans les scénarios et configurations annuelles très défavorables il reste de l’ordre de 3% de la production actuelle.
– Le risque d’indisponibilités simultanées n’est pas négligeable mais reste gérable.
– Il existe des solutions techniques (cf. Palo Verde aux US et Barakah aux EAU), et l’emplacement des futurs réacteurs peut être pensé pour réduire les risques.

Pour maîtriser le réchauffement climatique, c’est la combustion des énergies fossiles qu’il faut supprimer, et l’énergie nucléaire fait partie des solutions pour y parvenir.